Il n'a que quatre ans lorsque ses parents sont obligés de le vendre à un fabricant de tapis pour éponger une dette contractée lors du mariage de son frère. Il rejoint ainsi huit millions d'autres enfants pakistanais exploités pour la finesse de leurs doigts aptes à réaliser les fameux tapis d'Orient. Pendant six ans, il travaille comme un esclave, les chevilles blessées par de lourdes chaînes et les mains déformées pour avoir noué des millions de petits nœuds.
A dix ans, grâce à Eshan Kahn, président de la Ligue contre le travail des enfants au Pakistan, il est libéré. Mais très vite – et il n'a que 10 ans lorsqu'il prend cette décision – il décide de venir en aide aux autres camarades encore exploités dans son village : avec l'aide d'une association locale, il devient le porte-parole de l'enfance exploitée.
Orateur de talent, il finit par être invité à l'étranger et parcourt le monde pour alerter l'opinion internationale sur les conditions de travail inhumaines imposées à des millions d'enfants du Pakistan, de l'Inde, du Bangladesh et d'ailleurs.
« Nous nous levons à 4 heures du matin et travaillons enchaînés durant 12 heures… n'achetez pas le sang des enfants ! » s'écrie lqbal dont l'appel bouleverse les consciences. Il reçoit notamment une importante somme d'argent de la firme américaine Reebok.
Sous la pression internationale, le gouvernement pakistanais ferme plusieurs dizaines de fabriques de tapis et trois mille petits esclaves sortent ainsi de l'oubli. « Je n'ai plus peur de mon patron, déclare Iqbal qui se rend désormais à l'école de son village, maintenant c'est lui qui a peur de moi » … Mais l'enfant n'aura pas le temps de goûter à sa liberté. Le 16 avril 1995, alors qu'il n'a que 12 ans, Iqbal Masih est assassiné dans des conditions qui sont restées mystérieuses.
Pour en savoir plus sur Iqbal :
Un livre : "Iqbal l'enfant-esclave"
Ed. Fayard, par Richard Werly et Sylvie Coma