Suite du témoignage d'Anthony
Comment m’y suis-je pris ? Facile, mon contact au Secours Catholique, une bénévole chargée du réseau jeune, m’a informé de l’existence de ce centre et sur ma demande m’a donné les coordonnées du directeur du centre. Par téléphone, j’ai ensuite convenu d’un rendez-vous avec lui, puis je l’ai rencontré. J’étais venu pour un court rendez-vous de 20 minutes, et finalement je suis parti au bout d’une heure et demie car j’avais d’autres obligations. Mais j’y serais bien resté ! Car entre l’explication de Jean-Luc le directeur du centre à propos de la façon d’aider, et les deux conversations enflammées que j’ai eu avec Ivan et Norbert, j’aurais pu y passer ma journée ! La gentillesse et la facilité avec laquelle nous avons engagé la conversation me surprend encore. Il a suffi d’un « Ce grand dadet veut changer le monde ! » de Jean-Luc, et le débat était lancé. Nous n’avons pas eu le temps d’exposer le quart de la moitié du tiers de nos idées, alors je n’avais qu’une envie : les revoir. Le jour J, à près de 10 personnes dans la conversation, nous avons tiré des conclusions mais surtout posé de nouvelles questions et ouvert de nouvelles pistes de réflexion.
Après cette rencontre avec les membres du centre « La Pause », beaucoup de choses ont changé en moi. Ce que j’attendais avant tout de cette expérience, c’était de briser l’espèce de cocon dans lequel j’ai grandi et qui m’a toujours protégé de certains graves problèmes de la vie ; et je peux dire qu’une belle brèche est apparue…
La famille dans laquelle je suis né, l’éducation que j’ai reçue, les personnes qui m’entourent, etc. Tous ces facteurs m’ont tenu en sécurité, à l’abri de pas mal d’ennuis. Ce n’est pas le cas pour d’autres personnes, et c’est pour rencontrer ces personnes que j’ai voulu aller à « La Pause ». Cependant, au lieu de trouver des gens totalement différents de moi, j’ai été surpris de découvrir que nous avions réellement beaucoup en commun. De par nos idées, nos volontés, les espoirs que nous pouvions nourrir pour une société meilleure… La clarté et la précision avec laquelle nous avons pu échanger m’a sidérée. Une telle ouverture d’esprit et une telle volonté de dialogue m’ont donné envie de revenir et surtout de mettre en application les belles idées que nous avions évoquées. Car parler, c’est poser les fondations de quelque chose qui se construit en agissant.
Je crois que ce qui m’a le plus marqué, c’est que finalement nous ne sommes pas venus faire quelque chose pour eux, mais quelque chose avec eux. Je m’explique : lors du rendez-vous que j’avais pris avec Jean-Luc le directeur du centre, je m’étais élancé sans réfléchir dans la question « Qu’est-ce que nous, des jeunes, pourrions bien faire pour ces gens ? ». Et là Jean-Luc a tout de suite mis un frein à ces ardeurs en m’expliquant la différence entre le « pour » et le « avec ». A quoi bon rendre un service que l’on a imaginé tout seul plutôt que de demander à la personne ce qu’elle veut et passer un peu de temps à ses côtés ? Parfois, il ne faut pas chercher bien loin, être à l’écoute des personnes qui nous entourent, c’est déjà un sacré effort. Peu de gens le font. L’aide et le service ne fonctionnent pas forcément avec quelqu’un qui donne et quelqu’un qui reçoit, un enrichissement mutuel est souvent possible.
Une autre chose marquante était la ressemblance entre nos volontés respectives. Malgré des avis parfois divergents concernant les solutions, nous étions très souvent d’accord sur ce qui ne va pas dans le monde actuel. Là est arrivé le nœud du débat : « Est-il possible de faire quelque chose pour changer ça ? ». Nous autres, jeunes idéalistes avec des rêves plein la tête, débattions avec nos ainés expérimentés dans les difficultés de la vie qui nous parlaient d’un air presque désabusé. Ceci est bien sûr exagéré, et les nuances de nos avis étaient plus subtiles, mais le débat se posait comme ça. Et après de longues réflexions et des témoignages intéressants, je crois (si je ne me trompe pas), que chacun avait progressé dans ses idées. Notre réflexion n’aura donc pas été vaine car elle portera sans doute de beaux fruits à travers tous ceux qui y ont participé.
De plus, cette première rencontre m’a redonné gout à l’investissement dans les choses qui me tiennent à cœur. Si nous avons tant de chances et tant d’opportunités, il me semble qu’il serait égoïste de ne pas les saisir pour accomplir de grandes choses. Quand on a jamais eu à dormir dehors, à faire la manche, à être traité comme inférieur, c’est un devoir de non seulement ne pas oublier que ce sont des hommes nos frères qui sont en difficulté, mais aussi que nous pouvons faire quelque chose. Aussi petites soient nos actions, aussi négligeables soient nos avancées, ce sont elles qui font bouger les choses. Si chacun fait un effort, on peut s’approcher tout près de cet autre monde dont nous rêvons. Mais comme il serait naïf de croire que chaque individu apportera son aide, nous, personnes engagées, devons mettre les bouchées doubles !